Quelques questions à Sylvie Hampikian

| 12 octobre 2012 | 16 Commentaires
Sylvie Hampikian, docteur vétérinaire et expert pharmaco-toxicologue pratique la cosmétique naturelle depuis une vingtaine d’années. Son activité professionnelle l’a amenée à travailler notamment sur les plantes et les actifs naturels.
Elle est aujourd’hui reconnue par la communauté web pour son engagement pour la cosmétique « maison ». A l’occasion de la sortie de son livre Je fabrique mes cosmétiques ! sur notre site www.aroma-zone.com, Sylvie Hampikian répond à nos questions.

 

AZ : Pouvez-vous nous raconter votre parcours en quelques phrases ?

Mon parcours est assez atypique, voire sinueux, bien que j’y voie une certaine continuité ! Docteur vétérinaire de formation, je me suis très vite orientée vers la recherche fondamentale (à l’Institut Pasteur entre autres), puis vers les affaires réglementaires pharmaceutiques. Cette activité d’expert consistait à analyser des documents scientifiques et d’en rédiger la synthèse. C’est sans doute ce qui m’a aidé à écrire, depuis 2005, sur un sujet qui me passionnait depuis l’adolescence : les plantes et leurs usages.

AZ : Pourquoi cette passion pour la cosmétique maison et BIO ?

Une de mes grands-mères, née sur l’Aubrac, m’a transmis son intérêt pour les plantes et quelques recettes naturelles qu’elle employait dans sa jeunesse. La seconde, très parisienne, usait de fards et de parfums qui me fascinaient. Faites la synthèse des deux, et vous comprendrez mon intérêt pour les cosmétiques en général, et les soins naturels en particulier. Intérêt qui n’a fait que croître au fur et à mesure que je constatais la réelle efficacité des préparations « maison ».

 

AZ : Vous êtes très populaire auprès de la communauté  web notamment, vous considérez-vous comme avant-gardiste ? Militante ?

Je me situe plutôt dans la « transmission ». Je me vois comme un maillon de la chaine qui a permis aux femmes de conserver leur savoir-faire séculaire. Mes grands-mères, nées en 1908, ont connu une époque « préindustrielle », en terme de beauté, surtout à la campagne. Mais les jeunes générations ont toujours vu leurs propres grands-mères, nées dans les années 30 ou 40, employer des crèmes, des shampooings, des colorations issues de l’industrie chimique. Leur références ne sont pas les mêmes ! Or, je pense que l’héritage du passé peut aider jeunes et moins jeunes à retrouver la liberté de « faire soi-même » et de résister à la pression de la publicité.

 

AZ : Vous dénoncez souvent les risques des ingrédients chimiques et défendez la cosmétique « maison » face à ses détracteurs. En quelques phrases, quelles sont vos convictions concernant ce domaine ?

« Souffrir pour être belle », cela n’est pas nouveau ! L’histoire justement nous apprend que l’on a toujours employé des produits toxiques dans les cosmétiques (à base de sels de plomb ou d’arsenic par exemple). Mais en ces temps reculés, la toxicologie n’était pas encore née ! Le danger des cosmétiques actuels est bien moindre, mais les connaissances scientifiques nous éclairent bien davantage sur leurs risques potentiels. En outre, leur diffusion à grande échelle conduit nécessairement à une grande vigilance. Actuellement, de nombreux ingrédients douteux sont « dans le collimateur » des observateurs, en raison de leur pouvoir irritant, voire de leur risque cancérigène : sodium laureth sulfate, sels d’aluminium, parabens… Or, aucun de ces ingrédients n’est utile à la peau, ils n’ont d’intérêt que pour les industriels, en raison de leur faible coût et/ou de leurs facilités d’emploi dans les formulations. Par conséquent, ils contribuent à une triple tromperie :
1/ noyer les éventuels ingrédients utiles dans un excipient que je qualifie de « soupe chimique »,
2/ faire passer pour luxueux des produits dont les composants sont issus majoritairement de l’industrie pétrochimique ou des déchets de l’industrie agro-alimentaire,
3/ présenter comme inoffensives des formules qui contribuent à l’intoxication sournoise de l’organisme par les xénobiotiques (produits chimiques mal éliminés).

En pratiquant la cosmétique maison, on peut sélectionner des ingrédients qui seront tous utiles à la peau (car on échappe aux contraintes techniques des industriels), on maitrise et on connaît parfaitement la composition de ses produits. Quant aux soit disant dangers de surdosage ou de mauvaise conservation, n’importe quelle personne qui cuisine (ou prépare des biberons) comprendra qu’il est parfaitement à sa portée  de préparer un masque ou une crème de soin dans les conditions garantissant leur bonne qualité.

 

AZ : Citez-nous quelques-unes de vos astuces et formules pour avoir une belle peau ? De beaux cheveux ?

Pour la peau, je suis une fan absolue des huiles végétales, que j’aime mélanger à 50% avec du gel d’aloe vera (mélange hydratant et nourrissant qui convient au visage comme aux corps). Une fois par semaine, j’effectue un masque visage à base de levure de boulanger et de pétales de rose en poudre réhydratés. J’y ajoute quelques gouttes d’huile végétale riche, et 2-3 gouttes d’huile essentielle (souvent ciste ladanifère). Le résultat est à la fois exfoliant, nourrissant et tonifiant. L’effet sur le teint est spectaculaire ! Quant aux cheveux, j’essaie de passer à la coloration 100% végétale, mais n’y suis pas encore parvenue (j’emploie une coloration « allégée » vendue en magasins bio…). Aussi je répare mes cheveux avec un masque hebdomadaire à base d’huile de coco et de gel d’aloe vera (pour favoriser le rinçage). Par ailleurs, en alternance avec mon shampooing moussant (bio), je réalise un shampooing au shikakai, une plante indienne en poudre. D’ailleurs, les plantes indiennes, c’est un peu mon dada, et je suis contente de voir qu’Aroma-Zone en commercialise de plus en plus !

 

AZ : Quels sont vos trois ingrédients cosmétiques fétiches ?

Sans hésitation, pour leur polyvalence et leur grande utilité au quotidien : le gel d’aloe vera (Aloe barbadensis) et l’huile essentielle de lavande vraie (Lavandula angustifolia). Le premier est un hydratant et calmant hors pair. La seconde, à raison de 1 ou 2 gouttes est toujours là pour soigner un petit bobo, ou comme déodorant de secours. Quant au troisième, c’est mon « coup de cœur anti-âge » : l’huile de rose musquée (Rosa rubiginosa).

AZ : Votre plus belle histoire en cosmétique maison …

La cosmétique maison m’a permis de faire de belles rencontres et de nouer de réelles amitiés. Mais une de mes plus grandes satisfactions, c’est de recevoir des messages de femmes qui ont travaillé sur mes livres (correction, photos, maquette, promotion…) m’annonçant qu’elles se sont totalement converties à la cosmétique maison ! L’une d’elle, qui était initialement réfractaire à la cosmétique, est devenue une réelle passionnée : elle visite les producteurs, cultive des plantes de beauté ou récolte des sauvagines, et convertit à son tour ses propres amies, en organisant des séances d’initiation chez elle !

 

AZ : Avez-vous des projets de nouvelles publications ? D’autres projets ?

Actuellement, en terme d’écriture, je travaille plutôt sur la nutrition, un autre aspect des plantes qui me passionne. Mais j’aimerais consacrer un ouvrage aux soins capillaires. Ce serait aussi un hommage à mon amie Pierrette Nardo, dont c’était une de ses spécialités, qui nous a quittés au printemps dernier.

 

Nous remercions chaleureusement Sylvie Hampikian pour cette interview.

 

Retrouvez sur notre site Aroma-Zone.com le dernier livre de Sylvie Hampikian, Je fabrique mes cosmétiques.

 

 

 

 

 

 

 

 

Tags: , ,

Catégorie: AVIS D'EXPERT

Commentaires (16)

Trackback URL | Flux RSS des commentaires

  1. sandrine lombardo dit :

    Je souhaite faire mon premier shampoing/douche familial.J’ai pensé a acheter chez aroma zone la base lavante 250 ml a melanger avec le macerat huileux de vanille 10 ml et l’extrait de fleur de cerisier 30 ml. Est ce compatible? et dans quelles quantités? merci de m’aider, c’est dur de s’y retrouver.

    • Aroma-Zone dit :

      Bonjour Sandrine,

      Vous pouvez tout à fait ajouter l’extrait concentré de Fleurs de Ceriser à notre base lavante neutre si vous le souhaitez (12 ml dans 250 ml de Base lavante neutre).
      Les huiles végétales (et macérât huileux) ne sont par contre pas solubles dans les bases lavantes.
      Vous pouvez toutefois en ajouter si vous le souhaitez, mais cette opération entraînera une baisse de visicosité et également une baisse des pouvoirs lavant et moussant.
      Je vous conseille donc de doser le macérât huileux avec parcimonie 2,5 à 5 ml (dans 250 ml de Base lavante neutre) soit de le remplacer par un actif hydratant comme les Protéines de Soie ou le Complexe hydratation intense (solubles dans la base lavante).

      Très belle journée,
      Marie-Laure, formulatrice cosmétique

  2. Camille D. dit :

    Bonjour, j’ai besoin d’un conseil concernant une recette que je m’apprete à réaliser : un shampoing disciplinant. J’ai parcouru le site Aroma-Zone et j’ai pu, à travers des recettes déjà proposées, me construire un mode opératoire spécifique à mon shampoing, que j’ai « inventé » en sélectionnant les ingrédients qui me paraissaient les plus utiles pour ce que recherche et pour mon type de cheveux. Je vais donc vous déplier ma recette, pouvez vous me dire si les quantités sont justes, et si aucun de mes ingrédients n’est incompatible avec un autre svp ? Merci beaucoup !

    Shampoing disciplinant pour cheveux bouclés : (environ 150mL)

    Eau : 55mL
    Base moussante douceur : 25mL
    Mousse de Babassu : 6mL
    Céramides végétales : 1g
    HE Bois de Rose : 56 gouttes
    HE Cade : 29 gouttes
    HV Brocoli : 10mL
    HV Ricin (ou Yangu, laquelle est la mieux pour nourrir et embellir mes cheveux ?) : 30mL
    Extrait de pépin de pamplemousse : 20 gouttes

    Mode opératoire :
    – Mélanger la base et la mousse de Babassu, en chauffant légèrement au bain marie si nécessaire
    – Incorporer l’eau en mélangeant doucement
    – Ajouter le reste des ingrédients un à un, en mélangeant à chaque ajout
    – Transvaser dans le récipient

    Merci pour votre aide !
    Camille

    • Aroma-Zone dit :

      Bonjour Camille,

      Voici les conseils que je peux vous donner sur votre recette ci-dessous :

      – Votre recette est tout d’abord plutôt sur 130 ml (et non sur 150 ml).
      – Augmentez légèrement le conservateur Extrait de Pépins de Pamplemousse (27 gouttes au lieu de 20 gouttes) afin de bien le doser à hauteur de 0,6%.
      – Votre recette ne contient pas de Base moussante Concistance, votre shampooing risque donc d’être trop fluide.
      – Les huiles végétales (Ricin par exemple) ne sont pas solubles dans les bases lavantes (gels douche, shampooings), vous pouvez en ajouter à votre préparation si vous le souhaitez, mais les pouvoirs lavant et moussants seront moindre. De plus, les huiles végétales casse également la viscosité.
      – Les huiles essentielles sont également peu solubles dans les bases lavantes. Plus vous en ajoutez, plus la préparation va se liquéfier. Je propose en général de ne pas dépasser le 0,5% en huile essentielle hors votre recette ci-dessous est dosée à hauteur de 2,4% en huile essentielles (ce qui fait beaucoup).
      – Les huiles de Ricin et de Yangu sont excellentes pour le fibre capillaire, le Yangu à la particularité d’être une huile végétale moins grasse que le Ricin.
      – Pensez à bien agiter avant chaque emploi.
      – La Base moussante Douceur et la Mousse de Babassu n’ont pas besoin d’être chauffées (la Base moussante Consistance par contre en à souvent besoin car elle recristallise facilement au froid).

      Très belle journée,
      Marie-Laure, Formulatrice cosmétique

  3. Camille dit :

    Merci pour ces conseils ! En ce qui concerne l’huile végétale je souhaite en mettre pour les.propriétés gainantes du brocoli, et pour le côté soin du yangu ou ricin. Pour les huiles essentielles, j’ai du solubol, me conseillez vous d’en ajouter à ma préparation ? Et si oui à quelle dose ?
    Merc beaucoup pour votre réponse !

    • Aroma-Zone dit :

      Bonjour Camille,

      Nos solubilisants Solubol et Disper n’arriveront pas vraiment à aider la solubilisation des huiles dans la Base lavante neutre.
      Ils risqueraient même de liquéfier encore plus votre préparation.

      Je vous propose de vous limiter sur de petits pourcentage d’huiles végétales et d’huiles essentielles pour commencer et d’augmenter si possible suivant la viscosité obtenue.

      Très belle journée,
      Marie-Laure, Formulatrice cosmétique

  4. DAVID Isabelle dit :

    Je viens de recevoir mes premiers produits hydrolat et je suis en train de préparer un mélange pour lutter contre les bouffées de chaleur. Comme je n’ai pas trouvé de Cistus ladaniferus en hydrolat, je l’ai commandé en huile essentielle. Mon problème est maintenant de doser.
    Combien de gouttes d’huile essentielle correspond à 50ml d’hydrolat?
    Merci de me dire où m’adresser si je ne suis pas dans la bonne rubrique.
    Isabelle

    • Aroma-Zone dit :

      Bonjour Isabelle,

      Nous proposons bien de l’hydrolat de Ciste sur notre site :
      http://www.aroma-zone.com/aroma/eaux.asp#ciste
      Un hydrolat ne correspond pas à une dilution d’huile essentielle dans l’eau. Ce sont deux produits différents. Vous ne pouvez pas remplacer un hydrolat par une huile essentielle, même diluée.
      Les hydrolats, très peu concentrés en molécules aromatiques, contiennent des molécules hydrosolubles qui ne se retrouvent pas dans l’huile essentielle. Et vice-versa, certaines molécules retrouvées dans l’huile essentielle ne se retrouvent pas dans les hydrolats.
      Ces deux produits s’utilisent différemment. Les huiles essentielles ne sont pas non plus solubles dans l’eau, vous ne pouvez pas les mélanger directement dans un hydrolat ou de l’eau, il convient de les disperser au préalable dans un dispersant.

      Pour utiliser le mélange d’hydrolats que vous souhaitiez, je vous conseille donc soit de vous procurer l’hydrolat de Ciste, soit de faire le mélange sans cet hydrolat.

      Très belle journée,
      Floriane, Docteur en Pharmacie

  5. Camille dit :

    Bonjour,
    je vois que Sylvie Hampikian est vétérinaire, je recherche des soins naturels, par les huiles essentielles par exemple, à administrer à mes poules, et notamment un vermifuge. Est-ce possible de la joindre par email par exemple ?
    Merci !

    • Aroma-Zone dit :

      Bonjour Camille,

      Sylvie Hampikian ne dispose pas d’adresse email professionnelle mais vous pouvez lui écrire à cette adresse :

      Terre Vivante
      Domaine de Raud
      38 710 Mens

      Très belle journée,
      Laura, Formulatrice cosmétique

  6. catherine dit :

    Bonjour,

    Mon fils de 17 ans, a beaucoup de points noirs sur son nez, il utilise l’hydrolat de romarin à verbénone, mais j’aimerai qu’il puisse faire un soin complémentaire… que me proposez-vous ?
    Merci de me répondre et belle journée
    Catherine

  7. Colin dit :

    Bonjour,
    J’ai beaucoup de cheveux blancs je veux les colorer avec des plantes quel livre me conseillez-vous SVP.

    Cordialement

  8. clais isabelle dit :

    Bonjour,
    je commande depuis peu sur site et j’aurais une question concernant les animaux et tout particulièrement sur les chats pour connaître une recette si il y en a et faire nous même un répulsif, car j’ai un chat qui fait toujours ces besoins au même endroit dans une pièces, alors que la litière est propre et changée régulièrement, j’ai essayé le poivre mais rien n’y fait, si vous avez des recettes je suis preneuse merci

    • Aroma-Zone dit :

      Bonjour,

      Il est fortement déconseillé d’utiliser des huiles essentielles en présence d’un chat, car ils les supportent très difficilement.
      Pour éduquer votre chat à faire ses besoins dans sa litière, il suffit de quelques gouttes d’eau de Javel. Les chats raffolent de cet odeur.
      Mettez quelques gouttes de Javel dans sa litière pour l’attirer. En revanche, s’il fait ses besoins en dehors de la litière, ne mettez surtout pas de Javel pour désinfecter car il y reviendra systématiquement.
      Les chats n’apprécient pas les odeurs d’agrumes ou de lavande. Un produit nettoyant aux agrumes ou à lavande devrait suffire à l’éloigner quelques temps.
      Si vous êtes à la maison durant quelques jours et que le vous le voyez prêt à faire ses besoins, prenez-le et mettez-le dans sa litière. Il finira par comprendre avec un peu de temps et de patience.

      Très belle journée,
      Catherine
      Docteur en Pharmacie

  9. briq dit :

    bonjour Madame, pouvez vous me donner la recette à base d’huiles essentielles et autres pour lutter contre les rides et aussi une recette pour les mains et la peau du corps sèche ???? merci beaucoup d’avance Colette

Poster une réponse